Réponse du berger à la bergère ? Alors que le président de la République a mis à profit le 4 décembre une interview accordée à Brut – qui n'a pas manqué d'alimenter la chronique – pour annoncer la mise en place en janvier d'une plateforme de signalement des discriminations, notamment en matière des contrôles de police dont seraient particulièrement victimes les habitants des "quartiers les plus difficiles", le service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI) vient de publier ce 8 décembre une analyse sur la délinquance dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV – au nombre de 1.400, réunissant 5,2 millions d'habitants, soit environ 8% de la population).
Il ne s'agit pas ici d'une enquête nouvelle, mais d'un éclairage particulier tiré de plusieurs outils existants : l'enquête Cadre de vie et sécurité 2016 à 2018, dite de victimation, et la base 2018-2019 des personnes mises en cause par les forces de sécurité, relative à la délinquance enregistrée.
Au terme de cette analyse, le SSMSI dresse les constats suivants :
- les habitants des QPV se déclarent plus fréquemment être victimes de délinquance, quelle qu'en soit la forme, le phénomène étant singulièrement marqué en matière de violences sexuelles ou physiques, d'actes de vandalisme ou de vols de véhicules ;
- les procédures enregistrées par les forces de sécurité, "avec leurs limites pratiques et conceptuelles habituelles", font ressortir une "concentration d'infractions particulièrement importante" dans ces quartiers. "Le nombre de faits enregistrés rapporté au nombre d’habitants est nettement plus élevé dans les QPV que dans les autres quartiers des mêmes agglomérations concernant les violences physiques (intrafamiliales ou non), les vols violents, les dégradations graves et les violences sexuelles", souligne l'étude, accréditant les résultats de l'enquête de victimation ;
- le sentiment d'insécurité y est plus prégnant, non sans logique : à la fois la proportion des habitants déclarant que le problème d'insécurité est le plus préoccupant de leur quartier que la fréquence à laquelle ce sentiment est éprouvé par ces habitants ;
- pour toutes les formes de délinquance, les ratios de personnes mises en cause par rapport à la population totale (ratio dont il est précisé qu'il est "un indicateur conceptuellement complexe et dépendant de multiples phénomènes") sont systématiquement plus élevés, en moyenne, parmi les résidents des QPV que parmi ceux qui résident hors QPV, l'étude soulignant que cette surreprésentation "est maximale pour les vols violents, avec ou sans arme" (3,6 à 3,9 fois plus élevé), le ratio étant 2 à 2,8 fois plus élevé pour les vols portant sur les véhicules, les homicides, les cambriolages, les coups et blessures volontaires et les vols simples.
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